Album Il fait Soleil
Son premier album de 1980, celui qui ne porte pas de nom, celui qui lui ouvre enfin quelques portes, de l'espoir pour porter ses chansons.
Premier album, premiers mots décrivant l'amour en suspens, la déchirure d'une solitude et du temps d'où naît l'espoir d'un autre monde.
Déjà elle veut brûler le temps, dans sa tête elle veut jouer avec le jour et se perdre dans la nuit.
Elle veut aller loin, elle veut tracer ses chansons sur un tableau noir et sourire au vieux monde pour mieux chasser ses vieux démons.
Solitaire
/ Tiens m' voilà solitaire / Sans bagage une fois de plus / Qu'est ce que je fous donc sur la Terre / A laisser mes pas perdues /
Ses mots le clament haut et fort. Pourtant malgré ses rêves emplis de / Corneilles aux cris de femme / elle est un / Château de fée qui fait face à la mer /Oui solitaire, mais quand la nuit s'achève et que ses rêves s'estompent de sa mémoire elle voyage avec ses mots et sa musique vers d'autres rivages, alors elle existe sur la scène de la vie.
Tiens, me voilà solitaire
Sans bagage une fois de plus
Qu'est-ce que j' fous donc sur la Terre
À laisser mes pas perdu
Je suis tombée dans le puits
Dans le puits aux aurores
J'y ai perdu un peu d'esprit
J'ai saigné en dedans
J'ai remonté à tâtons
L'escalier des vivants
C'était dur et c'était long
J'y ai laissé mes vingts ans, mes vingts ans, mes vingts ans
Tiens, me voilà solitaire
Sans bagage une fois de plus
Qu'est-ce que j' fous donc sur la Terre
À laisser mes pas perdus
Il y a du vent dans mon âme
Au goût fort de la sève
Des corneilles aux cris de femmes
Qui tournoient dans mes rêves
Je suis un château de fée
Qui fait face à la mer
Tu croyais m'avoir brisée
Mais je suis millénaire, millénaire, millénaire
Solitaire dans le matin
Sur un coin de la Terre
J'essaie de tendre les mains
Pour goûter la lumière, la lumière, la lumière
Tiens, me voilà solitaire
Quand vient le soir
Une chanson qui ressemble à ces nuits emplies d'étoiles, étrange mais fascinante nuits qui vous portent vers le pays des anges, étrange oui mais si beau avec des musiques et des paroles qui se jouent des ombres.
/ La nuit est belle / Si belle qu'on pourrait oublier le bon Dieu et tous les anges / Venez donc vous brûler à mon feu /Je suis étrange mais je sais tant de jeux /
Quand vient le soir : Une prière envers le rêve si doux, si fou de la nuit, un tremplin pour accéder au visage sans fard de la vie, une autre vision, une autre illusion de la vie...
/ Quand vient le soir / Tu sais je suis déjà très loin / Près de la mare dansant avec les feux follets / Et dans le noir tu sais / Nous traçons des dessins un peu bizarres /
/ Viens donc, vient donc me voir / La nuit est belle / Si belle qu'on pourrait oublier son tourment / Et ses brûlure /N'ai pas peur de danser avec moi / Je suis obscure mais je sais tant de joie /
Quant vient le soir
Tu sais, je suis déjà très loin
dans les nuages volant
parmi les chauves-souris
Et dans le noir,
tu sais, nous parlons
aux enfants qui sont trop sages
disant : venez nous voir
La nuit est belle, si belle
On pourrait bien oublier
Le Bon Dieu et tous les anges
Venez donc vous brûler à mon feu,
Je suis étrange mais je sais tant de jeux.
Quant vient le soir
Tu sais, je suis déjà très loin
Près de la mare,
dansant avec les feux follets
Et dans le noir, tu sais,
Nous traçons des dessins un peu bizarres,
Viens donc, viens donc me voir
La nuit est belle, si belle
On pourrait bien oublier son tourment et ses brûlures
n'ai pas peur de danser avec moi, je suis obscure
mais je sais tant de joie.
Je te demande viens !
Je dirai des sagas
et des légendes
Viens, Viens donc me voir, la nuit est belle, si belle
qu'on pourrait bien s'écarter du chemin
et de la trace,
m'entends-tu, m'entends-tu ?
Toi qui dors,
je suis fugace
mais je vis dans ton corps...
Hiver
Au pays du bonheur il neige, le silence se mêle à la nostalgie et je rêve aux mille visages que je croise dans la ville blanche. je m'habille de cette douceur qui tombe du ciel, mon esprit vagabonde au fil de mes pas dans la neige, je m'abandonne aux mots de Danielle : / Il neige sur la ville petits flocons timides / Petits baisers humides de la neige tranquille / Des ombres qui circulent dans le jour qui se lève / Comme des somnambules emmêlés dans leurs rêves / L'enfance qui te happe / La nostalgie qui frappe à la porte engourdie / Des souvenirs enfouis dans le drap de l'oubli /
Une chanson qui est un pur moment de bonheur, la plume de Danielle se fait poétique et elle y décrit une atmosphère où tout est douceur, un bonheur rare...
Il neige sur la ville, petits flocons timides, petits baisers humides
de la neige tranquille, des ombres qui circulent dans le jour qui se lève
comme des somnambules emmêlés dans leurs rêves,
l'enfance qui te happe,
La nostalgie qui frappe à la porte engourdie
des souvenirs enfouis dans le drap de l'oubli.
La rue coule tranquille comme un fleuve apaisé,
aucune automobile n'est venue la troubler
sous tes pas les empreintes ont frayé une sente, un pont que l'on emprunte
entre deux berges blanches
ça sent la mandarine et la tiédeur câline, petit nid douillet
où tu te blottissais
quand l'hiver arrivait.
La blancheur infinie te fascine et te saoule coulée dans le grand moule
de la terre endormie,
petites villes aimables, vertige de bonheur, étreinte inexplicable qui te saisit le coeur,
ça sent la fête enfuie dans l'ombre de nos nuits,
elle entre sans frapper, tout se met à briller,
tout se met à tinter.
L'aurore s'est durcie dans un mur de cristal,
on la croirait surgie d'un monde boréal,
toutes les notes roses se sont mises à jouer,
il y a dans chaque chose un air d'éternité
Ca sent la fête enfuie dans l'ombre de nos nuits,
elle entre sans frapper, tout se met à briller,
tout se met à tinter, tout se met à briller, danser...
J'vais m'faire belle
La chanson d'amour de Danielle, sauf qu'elle se passe dans le miroir à attendre le bonheur qui ne vient pas.
Ses mots font mal, ils font échos à une dérive des sentiments amoureux.
/ J'vais m'faire belle comme ça / Rien que pour moi / J'vais m'faire belle comme ça / Rien que pour moi et tant pis / Tant pis pour lui qui ne me rencontre pas / Oh ! tant pis, tant pis pour lui / Et pas pour moi /
J'vais m'faire belle ou la chronique d'un espoir sans fin qui rythme sa vie et qui sonne comme un refrain une habitude...
/ Ma meilleure amie c'est encore moi / Je n'ai pas appelée à l'aide / Mais ce soir elle non plus n'est pas la /Elle doit me trouver trop laide / Tant d'amour à te donner / Tant d'amour t'en veut pas non / Je le range, je m'arrange / J'ai du mal / Et tant pis tant pis pour moi / Ca devient une habitude / Vite rentrer, plonger dans mes draps / Pour enfouir
ma solitude /
J'vais m'faire belle
comme ça, rien que pour moi
Et tant pis, tant pis, tant pis pour lui
qui ne me rencontre pas
Oh tant pis, tant pis, tant pis pour lui
Pour lui et pas pour moi ...
Tant d'amour à te donner
Tant d'amour
T'en veut pas, bon !
je le garde, sur ses gardes
C'est normal.
Tant d'amour à te donner
Tant d'amour
T'en veut pas, bon !
Je le range, je m'arrange
J'ai du mal
Dans la rue
j'suis tombé sur des martiens
Ma meilleure amie
c'est encore moi
je l'ai pas appelé à l'aide
Mais ce soir, elle non plus n'est pas là
Elle doit me trouver trop laide...
Tant d'amour à te donner
Tant d'amour
T'en veut pas, bon !
Je le range, je m'arrange
J'ai du mal
Et tant pis, tant pis, tant pis pour moi
ça devient une habitude.
Vite, rentrer, plonger dans mes draps
Pour enfouir ma solitude
M'suis fait belle, rien que pour moi
Album : De la main gauche
Un album où les amours et les années de déchirures s'envolent emportées par le bruissement de la vie.Un album où l'alchimie des mots de Danielle opère et nous porte vers le bonheur triste de ses chansons. Il était une fois une petite fille à qui l'on tenait sa main gauche comme pour mieux affirmer sa voie tracée dans sa détresse, sa vérité...
De la main gauche
IL y a des jours où l'on voudrait exprimer ses sentiments face à une chanson que l'on aime.
Une chanson qui est devenue au fil du temps une référence.
Un cri planté là dans votre inconscient, mais il en ressort que des mots écrits maladroitement.
Comment trouver les mots justes face à ce cri de Danielle ? L'important doit être ailleurs, comme dans cette formidable audace de prendre un autre chemin que celui tracé pour les foules.
Oui l'important doit être ailleurs, de temps en temps je croise le chemin de Danielle le temps d'une chanson, d'un sourire ou d'un regard qui brûle mes yeux et à chaque fois je revis l'émotion de sa voix et de ses mots qui s'accrochent à sa vie, à la mienne...
/ Je t'écris de la main gauche / Celle qui n'a jamais parlé / Elle hésite, elle est si gauche / Que je l'ai toujours cachée / Je la mettais dans ma poche / Et là, elle broyait du noir / Elle jouait avec les croches / Et s'inventait des histoires /
/ Je t'écris de la main bête / Qui n'a pas le poing serré / Pour la guerre elle n'est pas prête / Pour le pouvoir l'est pas douée / Voilà que je la découvre / Comme un trésor oublié / Une vue que je recouvre / Pour les sentiers égarés /
Naissance
Que sont devenus nos souvenirs de cette vie dans la sphère chaude et profonde ?
Serais-ce un ange qui à notre naissance aurait d'un geste habile mit son doigt sur notre bouche pour nous signifier de nous taire ?
/ Mes mains s'agrippent à la terre / L'aube lave mon visage / Dans un cri qui me soulage / Je m'éveille à la lumière / Une vague souvenance / Qui serpente et qui se cache / D'un cocon flexible et dense / Dont il faut que je m'arrache /
Naissance est une "belle" chanson, je dis belle chanson car je ne trouve pas d'autre qualificatif pour la décrire. Ecoutez chanter Danielle, au travers de ses mots se forme cet instant que chacun de nous aura vécu, un instant qu'elle décrit avec douceur et pourtant c'est aussi un instant de violence, une délivrance vers notre deuxième vie.
Mes mains s'agrippent à la terre
L'aube lave mon visage
Dans un cri qui me soulage
Je m'éveille à la lumière.
Une vague souvenance
Qui serpente et qui se cache
D'un cocon flexible et dense
Dont il faut que je m'arrache.
Naissance
J'écarquille sur le monde
La lueur de mes prunelles.
Chaque son, chaque seconde
Est une source nouvelle.
Ronde lente et formes vagues
Au travers de la lumière
Qui se meuvent et qui divaguent
Estompées par mes paupières.
Naissance
Je vais ramper sur le ventre
Pour appréhender le monde.
Je vis et je suis le centre
D'une sphère chaude et profonde
Je vais trouer le silence
De mes cris rauques et fragiles.
Comme un mendiant malhabile,
Je mendie ma subsistance
Naissance
Mes mains s'agrippent à la terre
L'aube lave mon visage
Dans un cri qui me soulage
Je m'éveille à la lumière.
Avant guerre
Munich 1933, je n'étais pas née mais si j'avais eu vingt ans à cette époque qu'aurais-je fait, qu'aurai-je pensé ?
Quel camp j'aurais choisi ? Où aurais-je vécu dans l'insouciance de mes vingt ans ?
/ Nous bavardions sous chloroforme / Sans prendre garde aux uniformes / Qui se massaient dans notre rue / Mais qu'a-t-elle donc la vieille Europe ? / Voilà que l'on brise les échoppes / Ca nous ne l'aurions jamais cru /
Danielle y pose l'insouciance amère de l'histoire et des peuples, une parenthèse terrible de la condition humaine.
/ C'était à Rome ou à Sofia / A Munich / 1933 / Il grimpait dans les astres / Une grosse araignée noire / Un signe de désastre / Pas d'espoir./
C'était à Prague ou à Berlin Ou à Vienne
1920
Tu étais révolutionnaire tu défendais les prolétaires
bien que né petit bourgeois
moi je fréquentais les artistes
prisais les peintres cubistes
tout c'la était charmant, ma foi
pris entre les deux guerres
comme dans une mâchoire
c'est l'insouciance amère de l'histoire.
De Berlin à Budapest
militants certes, mais esthètes
nous faisions passer sous la veste
les écris de nouveaux prophètes mais...
C'était à Vienne ou à Tarente à Dantzig
1930
Nous bavardions sous chloroforme
sans prendre garde aux uniformes qui se massaient dans notre rues
mais qu'a-t-elle donc la vieille Europe ?
Voilà que l'on brise les échoppes
ça nous ne l'aurions jamais cru.
C'était à Rome ou à Sofia à Munich
1933
Il grimpait dans les astres une grosse
araignée noire
un signe de désastre, pas d'espoir.